L'hotel de ville
L’hôtel de ville est une belle construction avec portes et fenêtres en plein cintre remontant au 16ème siècle comme l’indique la date de 1574 inscrite sur la clef de voûte d’une des ouvertures côté Grand-Place. Solre appartenait alors à Marie de Lannoy, seule descendante de Jean de Lannoy et de Jeanne de Ligne-Barbençon. Les corps de Jean et de son épouse reposent dans deux cercueils de plomb sous le chœur de l’église voisine. L’église et l’hôtel de ville ont été classés Monuments Historiques en 1931.
L’hôtel de ville, de style Renaissance à l’origine, a connu un certain nombre de transformations, en particulier la disparition de son beffroi puis l’ajout d’un second étage au 19ème siècle. Le rez-de-chaussée abritait une halle aux draps dont le magnifique plafond en bois est supporté par des poutres sculptées, en particulier un visage de femme. Il s’agirait de Pomona, la divinité romaine des fruits et des jardins soigneusement entretenus.
C’était un lieu largement ouvert par les arcades, lieu de rassemblement des habitants et d’échanges de nombreux produits. Trois arcades sont ornées à la clef de voûte de recommandations à l’usage des marchands, les incitant à la probité et condamnant le vol ou la fraude. Sur l’arcade côté église figure une salamandre. Son attribut principal est sa capacité à se baigner dans le feu et à l'éteindre. Cet animal, réputé insensible aux effets du feu, devait protéger le nouvel hôtel de ville contre les incendies.
Au premier étage se trouvait la halle échevinale. Un solide coffre (visible dans le hall d’accueil), le « ferme », bardé de fer et fermé par 3 serrures renfermait les matrices des sceaux, les rôles ou les bans de la ville, le registre des corporations, les chartes et privilèges de la ville …
A la fin des années 1980, un nouvel aménagement a été réalisé en fermant une partie des grandes arcades donnant ainsi un espace d’accueil plus commode aux services municipaux.
Le château
Le château de Solre-le-Château aurait été fondé en 182 par Sorricus, duc des « Allemans », mais cette présence n’est attestée qu’au 12ème siècle. Le château construit par Bauduin V, comte de Hainaut, se situerait à l’emplacement d’une construction antérieure : une villa gallo-romaine. Le castrum comprenait une tour forte carrée entourée d’une palissade, bordée d’une terrasse et d’un fossé en eau. Il se rattache à la famille des châteaux à enceinte polygonale du 12ème siècle comme ceux de Mons et du Quesnoy.
A l’origine, les seigneurs de Solre étaient des châtelains de Beaumont, issus de la Maison de Barbençon. Ils privilégièrent la fonction militaire. Intégré au Comté de Hainaut, le château jouait un rôle tampon entre le chef-lieu Mons et les ennemis français venus du Sud. Sa fonction militaire se renforça au cours du 13ème siècle. La pierre remplaça le bois. Solre devint une véritable forteresse par l’ajout des courtines garnies de merlons et de créneaux et équipées de hourds ; enfin une barbacane et deux tours flanquantes à l’Ouest et au Sud complétèrent le dispositif. Au 14ème siècle, deux autres tours, rondes, adaptées à l’artillerie, furent édifiées au Sud-Est et au Nord, près de la porte fortifiée et du pont-levis à flèche.
La famille de Berlaymont leur succéda de 1417 à 1493 (mort d’Adrienne de Berlaymont). Puis la seigneurie passa à la Maison de Lannoy jusqu’en 1580 ; cette famille s’attacha à Solre et à son « château merveilleux fort et ancien ». Celui-ci conserva son importance militaire, il participa activement à la défense du Hainaut et il lutta contre le brigandage. Le château-fort prouva son efficacité car il n’eut pas à déplorer de dégâts importants. Les seigneurs de Lannoy voulaient révéler leur position sociale et affirmer leur autorité en embellissant le château-fort de Solre qui était leur résidence principale. La grande salle, la grande cuisine, le logis seigneurial ainsi que la chapelle Sainte Catherine furent construits ou agrandis au 15ème siècle. La seigneurie, un « fief liege », tenue pour ¾ du seigneur de Barbençon et ¼ du seigneur d’Aymeries, fut mise en valeur. Le château se divisait en trois secteurs spécialisés : l’enceinte et la première cour à vocation militaire, la basse-cour à vocation agricole et le secteur Sud-Ouest à vocation résidentielle.
Grâce aux seigneurs de Lannoy, le château de Solre avait atteint son apogée architecturale à la fin du 16ème siècle. La seigneurie passa ensuite à la Maison de Croÿ qui la conserva jusqu'à la Révolution. En 1555 le Hainaut et Solre étaient entrés dans les possessions espagnoles. La terre de Solre fut « éclissée » de la pairie de Barbençon et elle devint alors un comté en 1590.
Au 17ème siècle, le « siècle des malheurs », Louis XIV multiplia les guerres pour s’emparer des Pays-Bas. Le château de Solre fut attaqué et pris par Turenne en 1637. Le château avait pourtant subi des modifications pour s’adapter au développement de l’artillerie mais le retranchement et le système offensif étaient devenus insuffisants. Le château avait atteint une certaine perfection cependant, sur le plan militaire, il était dépassé ; une ère nouvelle s’annonçait : celle des fortifications à la Vauban. Il perdit alors son rôle stratégique au profit des villes fortifiées voisines : Avesnes et Maubeuge. Il n’abritait plus qu’une faible garnison.
La seigneurie de Solre devint une principauté en 1677 juste avant le rattachement de cette partie du Hainaut à la France par le traité de Nimègue (1678). La fonction résidentielle avait aussi décliné : le château de Solre fut déserté par les Croÿ au profit de celui de Condé, dès la fin du 17ème siècle. Seule subsistait la fonction économique : la « cense » du château, qui se trouvait au centre d’un important domaine foncier était administrée par un bailli.
Au cours de la Grande Révolution, le bourg changea de nom et devint Solre-Libre ; le château appelé « la Grand Garde », recouvra pour un temps, son rôle stratégique et militaire (logement des troupes et de la douane). Mais les dégradations commencèrent en l’an III de la République (1794) et la démolition du château était sans doute achevée vers 1800. Les traces s’effacèrent peu à peu pendant les 19ème et 20ème siècles lors des aménagements successifs de la Grand- Place de Solre-le-Château.
Les soeurs grises
Les « Sœurs Grises » appartiennent au troisième Ordre établi par saint François d’Assise connu sous la dénomination « Tiers Ordre » ou « Ordre de la Pénitence ». Au 15ème siècle, la règle fut réformée, assouplie pour les femmes, par Sainte Colette de Corbie qui fonda dans les Pays-Bas et en France de nombreux monastères de son Ordre dont ceux du pays d’Avesnes.
C’est Philippe de Lannoy qui appela vers 1524 les « Sœurs Grises » à Solre pour diriger la maison hospitalière. Il leur accorda un certain nombre d’avantages. Philippe de LANNOY convint que « l’hospital et maison-Dieu de Saint-Nicolas à Solre, avec tous les biens en dépendant, appartiendront désormais et à toujours aux dites Sœurs Grises … qu’elles pourront faire bâtir sur l’héritage du dit hospital, un cloître et un couvent suffisant … ».
Leur nombre ne devait pas excéder la vingtaine au début du 16ème siècle. Les Sœurs soignaient les malades en ville dans toute l’étendue de la seigneurie de Solre et d’Epinoy. Elles recevaient et logeaient les pauvres passants et les pèlerins pour une nuit seulement … Elles furent présentes jusqu’à la Révolution. Elles formaient au temps de leur suppression en 1793 une communauté de trente religieuses. La rue qui longe leur bâtiment a conservé longtemps leur souvenir ; puis la rue des Sœurs est devenue Grand-rue et rue de Trélon.